L'almanachronique

Hello les blogos ! Vigie lente la blogose !

Je ne suis pas parent. Une chance.

J’ai connu des débuts plus bienveillants mais c’est comme ça.

Oui, je ne suis pas parent et je considère cela comme une chance. Et inversement. Inversement dans l’optique de l’enfant qui pour lui également devrait mesurer la chance qu’il a de ne pas avoir un parent comme moi. Tout d’abord pour une raison intrinsèque, l’égocentrisme et l’égoïsme dont je fais part seraient incompatibles avec l’amour attendu inhérent au « rôle » naturel d’icelui, un père aimant et présent face à un enfant matrice. Les autres raisons, nombreuses et mesurées, n’étant pas conciliables avec la concision d’une chronique, elles seront donc tues sans se départir de leur rationalité.

Je ne suis pas parent. Une chance. Et en dehors des motifs précédents, il y a une cause encore plus grande à cela, infiniment consécutive à notre époque.

Car oui, avec une sincérité réelle certes enrobée dans une ironie que trop facile, je veux bien me faire vacciner jusqu’au trognon, jusqu’à huit doses comme pour le pastis, je veux bien me passe-sanitariser jusqu’à la Saint-Glinglin, je veux bien ne plus jamais boire un demi au comptoir en racontant des conneries post MeToo, ne plus jamais lever la tête vers un écran noir de mes nuits blanches cinéphiliques, je veux bien être un cobaye enjoué chez Pziffer Entreprise, me faire tester en profondeur en payant heureux ma dîme, m’enfiler de l’ARN dans les trous de nez comme une coke en stock, me farcir le cul de masques FFP2 et m’envoyer en l’air en snifant de la chloroquine. Je veux bien baisser la tête aux injonctions d’autrui, fermer ma gueule aux oukases des avisés « épidémiologistes » qui fleurissent ça et là, et m’interdire de penser, voire de nuancer. Je veux bien jusqu’à collaborer aux débats quintessenciés sur CNews, côtoyer des « complotistes » super timbrés, jouer au gendarme et au voleur avec Benalla, me draper des ors du capitalisme, considérer que l’inepte « Manu, enculé ! » sur n’importe quel rond-point me concerne, bouffer de la coriandre fraîche au matin et boire de l’eau avec plaisir. Je le veux bien. J’irai même jusqu’à admettre que je suis foutu et vieux, et que ma main droite soit mon ultime conquête.

Mais, grands dieux ou fidèle Satan, je ne voudrais jamais avoir à masquer mon bébé, ni demander à ma fille en maternelle de se masquer à son tour. Jamais.

Je ne suis pas parent.

Une chance.

Hello les blogos ! Pop Bling Zouiii la blogose !

Je suis désolé. J’ai fauté. Ce que je tiens à vous dire est un aveu insoutenable et allègrement haïssable. J’en ai conscience et ne suis pas pour autant excusable. Je suis pétrifié de tant d’ignominie, individuellement mienne, et mon abjection est telle que je devrais me taire eu égard à l’ensemble des concitoyennes, concitoyens et iels réunies-is-i qui sont la force de la Nation, avec un « n » en majuscule et une haine dont je me vêts par honte sans gloire. Mais je me dois, à vous, à une sincérité sans égal.

Passons aux aveux. Avant-hier, un jour de besogne comme un autre, un jour de labeur partagé et républicain, et ce en un après-midi ensoleillé, j’ai fait une pétanque. Oui, vous entendez bien, j’ai joué à la pétanque, en plein après-midi, en chemise et avec un air satisfait qui susciterait à bien des égards une mort sociale méritée.

Alors que la majorité marne, trime et bosse pour les beaux yeux du boss et pour l’avenir de ses gosses, alors que les nombreux RER déversent sans vergogne un flot vrombissant de laborieuses et de diligents, alors que la faim pousse le prolo dans les bras vampiriques de la besogne avilissante, et si vitale, alors que les assistés traversent des rues vides, alors que le service public se meurt de moins de revenus, j’ai fait une pétanque.

Et je sais déjà que ce coming out va définitivement nous éloigner l’un de l’autre. Je le sais. Ce propos est obscène, inqualifiable et méprisable. Et pourtant…

… j’ai joué.

Et je suis prêt à toutes les foudres institutionnelles, à toutes les sentences, à toutes les opprobres légitimes, j’y suis prêt. Qu’on me bannisse, qu’on me jette aux flammes de l’enfer, qu’on m’écartèle et qu’on m’exile en un désert dantesque où le rien sera tout.

J’ai joué.

J’ai joué tel un enfant. J’ai joué telle une retraitée, usée et pourtant libre du temps qui parfois lasse. J’ai joué tel un marneur en vacances. J’ai joué comme un dimanche chômé. J’ai joué comme cet ado sur son portable, rentrant en sa chambre moisie, après de rares cours en présentiel, dans une rame de métro bondé. J’ai joué telle une corneille après des agapes, qui ne sait pas ce que vivre impose, qui ignore les affres de l’existence moderne et de jadis. J’ai joué comme un clown qui accroche un sourire aux drôles émus.

J’ai joué.

Me reste encore à jouir…