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18 janvier 2023 3 18 /01 /janvier /2023 06:11

Hello les blogos ! Love on the beast la blogose !

 

Un regard plissé. La pommette qui remonte. Un fin sourire, presque indolent.

Lascive, étendue sur le lit, la tête posée dans le creux de sa main, sa longue chevelure, rythmée par la respiration tiède du matin, caresse son sein gauche.

Elle le regarde préparer le café.

Ses gestes sont appliqués, minutieux. Les habitudes, pour lui, ne sont pas ce « confort mortel » qui vêt la vie d’une « chemise de fer ». Au contraire, elles lui permettent de créer des trous dans le réel, de s’extraire par l’attention diligente des minutes qui défilent inexorablement et qui s’assemblent pour façonner une existence.

Il la regarde à son tour.

Les sourires se marient.

Il verse le café dans les deux tasses et s’approche du lit. Il lui tend son breuvage fumant et se love au creux de ses reins. Les deux corps s’accordent, s’apaisent et s’émeuvent encore. D’un mouvement lent, il penche sa tête et embrasse son sein lourd, le gauche, déjà embrasé.

Première gorgée. La chaleur défile dans l’abîme de leurs corps sereins. Ils font silence. Les mots sont vains. Seule, la chair instille.

Signifiant son désir d’un second café, elle se lève et lui demande si à son tour il le veut également. Non, il attendra. Pas encore. Il aime bien la dernière lampée, attiédie, limite froide.

C’est alors que le réel s’insinue. Insensiblement, par petites touches. Est-ce la séparation des corps créant ainsi un courant d’air glacé qui l’insuffle ? Il lui semble que non mais peut-être se trompe-t-il. Elle le remarque pourtant. « Qu’est-ce qu’il y a ? » « Rien » est sa réponse. Il ment. Il est déjà au pied de son immeuble, habillé, cintré, s’enfonçant dans l’escalier gris du RER. Il se voit courant sur le quai, elle, en face, sur l’autre quai, emmitouflée dans son long manteau orange, qui lui sourit. Un sourire plus empesé que ce matin.

Maintenant, le réel est partout. Il est trop tard. Pas celui au gré des émotions, celui qui fait l’humanité, qui fait société. Le RER bondé, les odeurs âpres du travail, les mines compassées, les bruits des matériaux façonnés et la lente course vers le néant.

Demain sera pire. Défilés et grève. La réforme des retraites. Pas de RER. Peu d’espoir. Le combat continue ? Sans doute.

Elle revient se blottir.

Encore un instant, un instant seulement.

Après, il sera trop tard.

« Je t’aime »

« Moi aussi »

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