Lettre à un(e) abstentionniste

Hello les blogos ! T'étais où la blogose ?

Cher abstentionniste,

ô collègue, toi l'ami, le presque camarade, je te suis depuis tant d'années, depuis tant d'élections, que je crois te connaître, que je crois te comprendre, peut-être même t'estimer car, oui, j'ai été de tes rangs bien des fois et à bien des élections, sinon des plébiscites falots. Oui mon cher abstentionniste, je suis ton compagnon, par essence, voire par raison. Mais vois-tu, en ce jour, je suis amer. Oh pas une amertume âcre, de celle de Musset qui l'associait à une tristesse sans bornes, ni une amertume de défaite personnelle (Dieu que je m'en fous !), non, plutôt une amertume confuse, un doux chagrin mêlé de mélancolie. Car vois-tu, camarade, presque camarde à une lettre près, l'enjeu de cette élection n'était pas la désignation de tel ou tel député, de tel ou tel sentiment, quoique ou bien que, mais, à la vue de l'élection précédente et uniquement celle-ci, celle du potentat d'état, il me semblait que c'était une élection d'équilibre, voire de déséquilibre, de contrepoids et d'harmonie. Et je le répète, je n'exprime nullement une aigreur liée à la défaite d'un camp, qui n'en était pas un d'ailleurs, que nenni, je signifie seulement qu'au delà d'une femme ou d'un homme, il y avait un enjeu plus éminent, plus notable, plus transcendantal, de celui qui dépasse le domaine de l'expérience. Oui, mon cher abstentionniste, il y avait un enjeu de conscience, de prise de conscience. Celle de la prochaine révolution, l'unique, la patente, la révolution écologique. Cette révolution vitale, essentielle, sinon inévitable. Peine perdue ! La voilà mise au rencart des oubliettes, des culs-de-basse-fosses, des in-pace de la Tournelle, chers à Victor Hugo. Ah mon cher abstentionniste ! Pauvre hère recroquevillé dans ton déni ! Nous voilà bien marris tous deux, toi et ton silence, moi et ma sommation ternie. Voilà, la révolution écologique sera en quarantaine, pour un temps exclue des réalités des jean-foutre et de ceusses qui s'en tamponnent le coquillart. Mazette ! Vois-tu, abstentionniste, et pour conclure, j'ai vu, dans mon dictionnaire chéri, que "abstention" était associée, étymologie quand tu nous tiens, à "abstinence". Et bien brave camarade, sache que jamais, ô grand jamais et désormais, je ne cèderais à l'abstinence. Je bande encore !

Par Saint-Bacchus !

Comments

[Thierry]

Nul !