Chronique du 21 mai 2009

Hello les blogos ! Flic Flac Floc la blogose !

Je me rappelle avoir vu une nuit Paris envahi par une liesse populaire. Pour être juste, c'était un quartier, un quartier tout entier avec ses multiple rues droites et sinueuses, où de nombreux bars déversaient leur clientèle respective sur le pavé par des vagues successives d'éclats joyeux et de chants tumultueux. Un fatras incongru de charmants lurons suivait un chemin enivrant et incertain, de rade en zinc, et nulle pression ne semblait peser sur la parade hédoniste et libertaire.
C'était un temps où fumer dans un bar n'était pas délictueux et où interpeller le flic lambda par une joyeuse saillie n'était pas suivie d'une condamnation.
Un temps semble-t-il lointain.
Samedi dernier, en soirée, lors d'une fête de village traditionnelle, dans un bar dont je tairais le nom par souci de préservation du patrimoine spirituel, il y avait foule. Une foule bigarrée de gaillards drilles qui s'adonnait sans vergogne au plaisir de la glotte arrosée, en s'agitant le popotin sur des rythmes effrénés. Et pour tout dire, ça fumait gras et ça buvait sévère. Et tout cela, aussi bien dans le bar qu'en terrasse.
Au plus fort de la soirée, une voiture de flics s'arrêta. Il y avait là un bon gros joufflu, un roux longiligne et deux arpètes avec le code pénal en bandoulière. Tout ce beau monde descendit de la voiture et, s'alignant au devant de la devanture, observa ce spectacle tonitruant.
Il y avait là de quoi largement griffonner des carnets et des carnets de procédures et de contraventions. Mais comment faire ? Arrêter une soirée qui battait son plein pour procéder à des recommandations pénales au risque d'un soulèvement plébéien et plus qu'animé ? Choisir des exemples et singulariser le délit ? Choix difficile et sans doute inconcevable. Quatre contre plus de deux cent, la partie était inégale.
Alors ? Alors rien. Les flics sont repartis, penauds et déconfits. La fête a continué jusqu'au petit matin sans rien perdre de son intensité festive et anarchiste.
Fermez le ban !
Tout ça pour en arriver à quelle conclusion ? Un tout petit truc, trois fois rien. Simplement que le nombre, tout comme la nécessité, fait loi.
A méditer...