L'almanachronique

Hello les blogos ! Rentrée bonne la blogose !

Bon ben, allez, faut s’y mettre. Lundi, c’est la rentrée.

J’oublie pour un temps, et en ces derniers jours d’août, le teint hâlé et sa farniente induite, les plages rêvées de sable d’or où Vendredi se dévoue à rien, le silence numérique et quelques fines étoiles navigantes, l’oratorio du grillon cacochyme et le crépitement des cônes du pin parasol en flamme, et je reprends mollo-piano le chemin manifeste des nouvelles du monde, l’entendre se mouvoir à nouveau, quitter à peine les aquarelles estivales des instants de joie paisible et retrouver les encres acérées des luttes à venir, réécouter enfin le cœur et le chœur de l’ailleurs et d’autrui, quitter l’abondance et basculer dans la sobriété. Intellectuelle il va sans dire.

Lundi, c’est la rentrée.

L’almanachronique s’apprête ainsi à renaître dans sa quotidienneté et sa liberté, liberté dont il faut accepter de payer le prix. Cabu si tu nous entends.

Je m’engage dès lundi à user sans retenue d’une humeur fantaisiste, d’une gaie morve, d’un vertigo altier, de jeux de mots foireux et largement approximatifs, et tondus, d’hédonistes sommations, de plaisirs de bouche illustrés, de mots doux, de joies furtives, de spleen irréfragable, de rimes riches, pauvre de moi, d’idées azimutées, d’user sans réserve de fautes grammaticales, de dessins pitoyables, d’illustrations sublimes, parfois, de chroniques alambiquées, d’une modestie outrecuidante, d’une fatuité pudique et d’une sincérité cabotine plutôt candide dont je cultive l’authenticité pour mieux nourrir un talent à ce point inédit qu’il en demeure ignoré.

A lundi les blogos et toi ardente blogose.

Hello les blogos ! Libre la blogose !

L’homo sapiens a ceci de commun avec la moule, non seulement l’art de fermer ou pas sa gueule en fonction de la houle, mais également la capacité de transcender les limites d’un quotient intellectuel pourtant proche du ministre de l’économie. C’est alors que celui-ci, l’homo sapiens, médiocre par atavisme, peut sublimer un instant distinct alors que tout l’exhorte à ne pas péter plus haut que son cul, de même, la moule, afin par exemple de voyager à bas prix, se fixe sur le flanc d’une baleine et vogue ainsi peinarde pour aller filtrer d’autres eaux plus roboratives.

Prenons un homo sapiens parmi tant d’autres. Tout l’été, il s’est contenté d’appliquer la loi infaillible de l’attraction terrestre, celle de se coller à la Terre con-génitalement, allongé et mou, de ne penser à rien sans risquer la névrose d’une lucidité sagace et de ne jamais s’exalter à une joie menue, connue pour sa brièveté et son laconisme superficiel. À peine a-t-il vroum’vroumer sur un véhicule marin afin de connaître l’efficience de Poséidon, créateur du cheval dont il a la queue. Et puis voilà qu’il sublime cet instant sus-cité. Il se transcende. Et il parle : « Je pense à notre peuple auquel il faudra de la force d'âme pour regarder en face le temps qui vient, résister aux incertitudes, parfois à la facilité et à l'adversité et, unis, accepter de payer le prix de notre liberté et de nos valeurs. »

Et paf !, encore un instantané de vie où il eut été préférable de fermer sa gueule. Mais que faire face à l’attraction de la sublimation tant convoitée et pourtant inenvisageable ? Tout comme la moule qui voudrait fredonner « L’air des bijoux » de Gounod.

« Accepter de payer le prix de la liberté. »

Chiche !

Alors…

… la liberté… euh… pas d’entraves, pas de travail tripalium, pas de patron, pas de famille, pas d’enfants, pas d’amour, pas de factures, pas de propriété… euh… voilà, ça, c’est fait… euh…

Ben dis-donc, la liberté, c’est cher !

J’ai bien envie de moules.

Hello les blogos ! Cocorico la blogose !

Et le coq de coqueriquer inlassablement. Et ce dès potron-minet. Voire aux aurores. Je peux ainsi comprendre certaines et certains qui pètent un câble à ces piailleries intempestives et surtout parfois approximatives, voire éraillées. Elles irritent et lassent par leur répétition. On se plaît dès lors à espérer que ledit coq fasse preuve de lubricité matutinale à l’égard de sa cohorte de sultanes pour enfin apaiser des esgourdes que trop sollicitées. Et les poules certes de perdre des plumes. Désolé les cocottes mais ça fait du bien. Je dis « désolé » sans savoir si oui ou non les assauts de ce cochet frénétique vous procurent un plaisir charnel en vos croupions pour le moins irrésistibles. Va savoir.

Ce coq-ci a sept poules pour lui seul. Sept poules. Ça en fait du charivari libidinal. Et celui-ci qui plus est de les honorer l’une après l’autre. Un véritable « coq » pour le coup selon l’expression consacrée et qui fleure l’avant MeToo et Edmond Rostand. Et loin de moi de céder à l’anthropomorphisme inhérent à ce genre d’examen mais force est de constater que l’homo sapiens, quand il élève ou enceint des animaux, il se garde bien de multiplier les mâles en en gardant souvent qu’un seul. Que ce soit les brebis, les juments ou les vaches, il y a communément un bouc, un étalon et un taureau. Un seul, voire parfois deux ou trois pour un troupeau. Serait-ce pareil si celles et ceux-ci étaient sauvages ? (Tout comme le cerf et « ses » biches, le lion et les lionnes.) Ainsi, théorie fumeuse, pourraient-ils se familiariser à la monogamie comme la plupart des oiseaux ou le castor ? La science prouve le contraire mais bon, il n’est pas interdit de rêver. Et en disant cela, je ne prône pas la monogamie chez les animaux. Elle m’intéresse seulement comme celle de la baudroie qui n’admet qu’une monogamie parasite du mâle. De même le triolisme chez les cygnes ou les caresses « lesbiennes » des éléphants femelles qui assurent ainsi un matriarcat naturel.

Pourquoi évoque-je cela ?

Je n’en sais rien.

Ce que je sais, c’est le coq s’est tu.

Enfin.

Ça baise sérieux et le silence qui s’ensuit est apaisant.

Un peu comme chez l’homo sapiens…