L'almanachronique

Hello les blogos ! On s’fait une bave la blogose ?

Aujourd’hui, reprenant l’inamovible contrepèterie belge, il fera beau et chaud. Ce qui va faciliter la présence des jardinières et niais en leurs jardins respectifs et pour le plus grand bonheur gustatif des limaces. Et penchons-nous de ce fait sur cette dernière, ce qui nécessite d’une grande souplesse.

Ploum Ploum !

La limace : la limace est un gastéropode dégueulasse, sans coquille, de forme bitophile, d’une apparence molle et spumeuse, appelée loche, comme pour les paires, et qui sécrète à l’envi un mucus à très haute viscosité, ce qui l’apparente à tellement d’éditorialistes et de politiciens français qu’on est en droit de se demander si elle ne le fait pas un peu exprès. Elle est un animal à sang froid, essentiellement nocturne, Dracula himself, et se nourrit parfois dans les jardins potagers en prélevant ça et là les feuilles naissantes des salades, créant ainsi une envie génocidaire chez les maraîchères et chers, moins pacifistes et tolérants quand on rogne leur revenu. L’écologie a des limites. Ainsi, ces jardinistes crottés n’ont cessé depuis la nuit des temps de développer des défenses, plus ou moins naturelles, contre ces gluantes prédatrices. De la collecte manuelle au piège à bière, en passant par le marc de café et la consoude, totalement inefficaces, ceux-ci se penchent désormais sur d’autres prédateurs, tels le canard coureur indien, l’orvet ou le hérisson, mais force est d’admettre que rien n’empêche la prolifération des poisseuses pillardes. Seule l’anti-limace de marque Bayer-Monsento-Sanofi-Astrazeneca semble efficiente. La souveraineté est à ce prix.

Notons qu’un certain Baptiste Platine de Crémone, et ce en 1571, a inventé une recette délicieuse, reprise par Cavanna dans « Les ritals », la bouillabaisse de limace.

Prenez des limaces, 200g par personne, faites les cuire dans un bouillon fortement épicé, dix heures durant, et pelez-les. A côté, faites bouillir des pommes de terre et des carottes. Prenez une morue très salée, faites la revenir, puis mélangez les limaces, les légumes et la morue découpée en dés, servir chaud.

C’est foncièrement abject, odieux et nauséabond, mais à la guerre comme à la guerre. Une expression crétine que n’aurait pas reniée Henri Queuille, dont nous fêtons la naissance ce 31 mars, en 1884, élu local corrézien du parti radical socialiste qui fut l’auteur des deux aphorismes les plus marquants du XXième siècle, voire les plus cons : « Il n’est pas de problème qu’une absence de solution ne finisse par résoudre » et le fumeux « Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent ».

Rendez-vous ce soir pour en saisir toute la portée.

Hello les blogos ! Duerme en mi jardin la blogose !

« Duerme en mi jardin, las blancas azucenas, los nardos y las rosas… »

Le jardin. Quel mot délicieux. Un mot « coucou » qui évoque bien des images, tant d’odeurs et de souvenirs. Le jardin des grands-parents, celui de son enfance, qu’il soit potager ou d’agrément, et par extension, le verger.

Un mot qui s’accorde à merveille à d’autres vocables. Le jardin de curé « aux allées sablées et bordées de quenouilles », le jardin suspendu de Babylone, le jardin d’hiver où « déjeuner par terre comme au long des golfes clairs », le jardin public et ses bancs d’amour, le jardin des plantes de Paris, rue Cuvier, le jardin zoologique et son babouin taciturne, le jardin des Hespérides, d’Éden, d’Épicure, d’Adonis, celui de Priape, érectile à souhait, le jardin d’ouvrier « dormant au hasard dans les baraques » et enfin le jardin secret pour y cultiver « sa petite connivence » avec soi-même. Comme le fit Cyrano de Bergerac. Mais où ? Côté cour ou côté jardin ? « Je m’enivrais des parfums somnolents exhalés par le jardin sauvage de sa chevelure. »

Le jardin. Et le printemps naissant. C’est alors que l’on voit, semblable à ces jours derniers, d’adorables gnomes verts s’agiter le derche en brisant et remuant la terre, creusant et binant, arrachant des herbes dites « mauvaises », tel un chien juré enragé à qui l’on coupe la chique. Et tous les bruits nouveaux et retrouvés qui agrémentent les siestes atones. Celui du motoculteur vrombissant, de la tondeuse et du taille-haie. Et dès lors l’envie de rugir un « Ferme ta gueule ! » de circonstance.

C’est également les instants inestimables où le Femina Sapiens (j’ai décidé d’inclusir ma langue à jamais) mise sur l’improbabilité d’un avenir pour le coup incertain. Car oui, la graine plantée deviendra-t-elle radis ? Un bon trapu radis qui enflammera la langue. Hein ? Le menu plant sera-t-il concombre ou aubergine ? Le rosier taillé fleurira-t-il de mille roses « alanguies, aux feuilles floches et tombantes » ? La merde enfouie en terre sera-t-elle assez roborative ? Un cycle curieux que celui de la merde. On mange une tomate, on digère, on chie la tomate, on récupère la merde et on la mêle à la terre pour une nouvelle tomate à venir. Un peu comme nos morts enterrés qui distillent de la vie.

Ah le jardin…

Petite annonce envers les jardinières et niais du jour. Je sieste de 13h30 à 15h30. Si jamais j’ouïs une mécanique clameur de merde durant ce temps intrinsèque et biotique, je sulfate façon Chicago, bien plus que Monsanto.

C’est dit.