Hello les blogos ! Dodo la blogose !
Alors oui, grande originalité sans précédent, il va falloir travailler plus, plus longtemps, les branleurs vont devoir se sortir les doigts du méat excrémentiel, le plein emploi est à nouveau attesté, il l'est depuis 1936 selon Keynes, il va falloir également se former, s’éduquer et s’élever, traverser la rue, non plus tracer sa route mais la construire, to work in start’up nation in the métavers of the death’life in my ass, faire le don de soi, privilégier les devoirs aux droits et s’émanciper par le travail non-marxiste, oui, oui et trois fois oui. Et comme le disait Sainte-Margaret : « There is no alternative ! »
Bon d’accord, ok d’ac, assurément, voire même amen.
J’avoue néanmoins que c’est une homélie que j’ouïs depuis que je suis à même de comprendre ce pourquoi je vote. En gros, dès la fin des trente glorieuses. Mais ce n’est pas parce qu’on répète une chose inlassablement qu’elle est inutile. Ok d’ac derechef.
Cependant, il se trouve qu’aujourd’hui, 18 mars, c’est la journée nationale du sommeil. Et vous me connaissez, je ne suis pas un adepte acharné de l’ironie sarcastique mais bon, côté célébration, je suis un prosélyte plutôt discipliné et il ne me viendrait jamais à l’idée de manquer une cérémonie, fusse-t-elle contraignante.
Or donc, en ce jour, et à l’instar d’une envie patente d’aller travailler plus pour s’émanciper davantage, célébrons le sommeil.
Je te bénis sommeil, « toi seul peut déformer
Par sa ténèbre étroite, habile et travailleuse,
Les traits de son image où mon âme amoureuse
Sachant tous ses défauts, ne voit rien à blâmer !* »
Toi sommeil, pareil au voyage, qui forme jouvence
De l’aube au crépuscule, qui seul fait d’un coup de chien,
La caresse d’un chat huant dans un onirisme lesbien
Et le ciel de tramontane, un alizé de baume en Provence.
Je ne souhaite rien tant, à l’égard d’un réel aguerri,
Que de plonger, béant, dans l’inconnu opiacé,
A quelques pieds de la terre, en tes rêves ouatés
Où ma raison s’égare et où cesse mes soucis.
Je te bénis sommeil, tombe hospitalière et riante,
Où, descendu enfin dans la paix sans rivale,
Je me brûle, sanglé d’ailes, à l’halo boréal
Qui revêt si bien d’un voile la mort distrayante.
Je te bénis sommeil, l’abîme est si grand.
Je te bénis en ton prisme enchanté sommeil,
Et je veux en toi, sans nulle peur, chavirer pareil
Qu’un cheval amoureux dans un cœur d’ouragan.
*Anna de Brancovan, comtesse de Noailles